
« Nous voulons voir pour croire »
« Nous voulons voir pour croire, mais au final nous ne voyons que ce que nous croyons »
Dans un monde rempli d’informations, faisant constamment appel à notre sensibilité pour venir donner sens à ce dernier, nous sommes amenés à voir et à croire. Ces informations qui se présentent à nous sont le résultat de nombreuses images donnant forme aux paysages de l’existence. Des images qui sont de natures variées et qui constituent le socle des référents nous permettant de nous projeter dans le monde. La vie est faite de cette multitude d’images propres aux éléments physiques et non-physiques qui se donnent à voir à notre conscience, et nous font être.
Face à la vie, et au monde qu’elle abrite, nous sommes amenés à juger d’après ce que nous sommes, c’est-à-dire des êtres de croyance. À partir de ce que nous voyons des phénomènes survenant dans notre existence, nous établissons certaines croyances. Des croyances qui, par le travail de l’expérience personnelle, viennent à leur tour définir le sens profond de notre existence. Dès lors, nous pensons toujours croire ce que nous voyons, mais ce n’est pas toujours le cas. Le sens et les formes que nous donnons au monde qui nous entoure reste généralement le fait de nos croyances.
Une vie à voir
Notre particularité d’existence, en tant qu’être-humain, fait de nous des êtres doués d’une sensibilité sans commune mesure. Nous sentons et ressentons le monde, de sentiments et de sensations qui nous font tendre à être. Par notre sensibilité, le monde que l’on contemple vient se construire à la mesure de la particularité de celle-ci. C’est par notre vue, le sens par excellence qui marque notre acte de sensibilité à l’égard du monde, que nous pouvons nous ancrer dans la vie, et édifier notre être. En effet, par notre regard nous parvient l’ensemble des informations visuels qui tapissent le monde environnant et dans lequel nous puisons nos référents. C’est parce que nous voyons le monde que nous pouvons savoir ce qui est et ce qui n’est pas. C’est parce que nous sentons le monde du regard que nous savons ce que nous sommes et ce que nous ne sommes pas.
La vie est une entité qui se laisse voir avant de se laisser toucher. Dès lors, notre premier rapport avec le monde est ce que nous voyons de ce dernier. Avant de le toucher de nos mains, nous le touchons du regard. Tout ce qui tapisse le monde, et que nous sommes en mesure de voir, sert d’éléments de références pour notre construction mentale et l’édification de notre pensée. Nous avons besoin de ces références pour nous ancrer dans la réalité et assurer notre être. Ainsi, nous pouvons nous situer dans cette ensemble et trouver notre rôle, ce pour quoi on est destiné.
« Nous voyons le monde pour être dans ce dernier »
Une vie à croire
Le fondement même de notre existence, en tant qu’être doué de conscience singulière, s’établit sur notre capacité à croire ou ne pas croire. Nous avons besoin de croire en quelque chose, ou en quelqu’un, pour entrevoir du sens dans l’immensité parfois déconcertante de la vie. Une croyance naissant du désir primordial d’être dans le cadre de cette vie. Croire est donc un besoin crucial pour chacun(e) de nous pour avancer dans cette entité existentielle qui nous incombe.
Croire en soi et croire en la vie constituent les deux actes nécessaires pour vivre pleinement. Nous cherchons à croire en la vie pour croire en nous. De même que nous éprouvons le besoin de croire en nous pour croire en la vie. De fait, établir une croyance solide sur soi et sur la vie est nécessaire pour exister dans l’immense océan de sens dans lequel nous sommes ballottés. À vrai dire, cet acte est crucial, car nous vivons pour la plupart dans un doute constant de nos propres valeurs personnelles. Que vaut la vie, et que valons-nous ? Pour en arriver à légitimer la valeur de son être, il faut commencer par croire en ce dernier. Et, pour croire en celui-ci, nul doute qu’il faille croire en quelques éléments constituant la vie.
Croire en la vie signifie-t-il que nous sommes tous amenés à croire aux mêmes choses de la vie ? Nous croyons en la vie, mais de croyances basées sur des aspects relatifs à notre existence singulière. Par notre vécu particulier, nous sommes amenés à avoir des croyances divergentes. De la sorte, certain(e)s croiront que la terre tourne autour du soleil, tandis que d’autre affirmeront à partir de leur croyance que c’est le soleil qui tourne autour de la Terre. En d’autres termes, par nos croyances nous voyons et considérons le monde différemment.
Nous voyons ce que nous croyons
Nous voyons le monde et nous le croyons. C’est généralement de ce que nous en voyons que nous sommes amenés à croire. Au point que nous ne voulons croire que ce que nous voyons. Quoi de mieux que de vouloir assurer une vérité sur ce que l’on peut être amené à voir. En effet, nous avons besoin de voir pour en arriver à croire ce qui est. N’est-ce pas évident, car le regard ne ment jamais dit-on. Cependant, le jugement de tout ce qui se présente à notre regard peut subir des déformations incessantes. Des informations qui peuvent résulter de croyance antérieure déjà établi.
Croire ce que l’on voit est un idéal énoncé, mais malheureusement nous y dérogeons bien souvent. En effet, nous sommes plus en proie à voir ce en quoi on croit. Nous n’acceptons de croire ce que nous voyons qu’à la condition que la vérité révélée soit en accord avec ce que l’on croit déjà. Dès lors, tous ce que nous voyons par la suite sera biaisé par la croyance érigée au préalable.
Il ne faut pas tomber dans l’illusion procurer par la vision, et établir une croyance sans voir véritablement. Au contraire, il faut savoir remettre constamment certaines croyances en doute. Il faut s’atteler à voir objectivement ce qui se donne à voir. Que cela signifie-t-il ? Il s’agit ni plus ni moins de que de voir tous phénomènes à même de se présenter à l’être sans apparat des considérations personnelles. C’est-à-dire qu’il faut s’atteler à voir ce qui est. Accepter la vérité détenue en ce qui est vu, même si cela peut choquer et aller contre certaines croyances déjà établies. Cet exercice, en apparence facile, demande un certain travaille de prise de recul sur les phénomènes du quotidien.
Frédéric, Des Racines à la Cime
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