
Peut-on vivre avec le mensonge ?
« Ce n’est pas moi qui ai fait ça ! », dit-il en la regardant fixement dans les yeux, alors qu’il avait été surpris quelques instants plutôt en train de le faire. Cette situation à laquelle nous avons tous déjà pu avoir à faire, n’est pas anodine. Qui n’a jamais menti dans sa vie ? Que celui ou celle qui n’a jamais menti me jette la première pierre. Et oui, qu’on le veuille ou non, le mensonge fait partie prenante de nos interactions sociales. En effet, ce phénomène dialectique qu’est le mensonge, est un moyen de communication qui est appris depuis l’enfance et qui est de plus en plus utilisé au cours de notre vie. Son utilisation étant dépendante des conditions particulières de l’existence de chacun(e). Bien qu’il prenne une grande place dans nos vies, peut-on vivre avec le mensonge ?
Qu’est-ce que le mensonge ?
Le mensonge est considéré comme une forme de manipulation. En effet, quand il est utilisé, il vise à faire croire à l’autre quelque chose qu’il n’aurait jamais cru s’il avait su la vérité. C’est un énoncé qui cherche délibérément à aller à l’encontre de la vérité. À ce même titre, il y a aussi le mensonge utilisé comme résultat d’une omission de la réalité. Dans ce cas précis, il s’agit d’occulter une partie de la réalité pour faire valoir ses idées.
Le mensonge, de manière générale, est un subterfuge qui vient s’opposer à la franchise et la sincérité. Mentir revient donc à masquer le fond de sa pensée dans le but de tromper l’autre (ce n’est pas idéal si on souhaite entretenir des relations stables avec les autres). Dans tous les cas, le mensonge à des conséquences qui peuvent être néfastes aussi bien sur soi que sur ses rapports sociaux du quotidien.
Pourquoi mentons-nous ?
Il y a plusieurs raisons dans l’utilisation du mensonge au cours de notre vie. Nous mentons généralement depuis l’âge de 6 ans. Avant cet âge, nous sommes des êtres très honnêtes, sans filtre, vrais. Malheureusement, après cet âge, la morale nous conditionne à retenir certaines informations et à tromper l’autre. Nous expérimentons donc le mensonge tout au long de notre enfance.
Nous mentons essentiellement pour « paraître » et pour « avoir ». En effet, nous mentons pour avoir une image de soi qui soit meilleure que ce que l’on est réellement. Il s’agit alors de mentir pour plaire, et occulter la vérité sur soi. C’est la précisément une utilisation de mensonge en tant que tromperie. Nous utilisons le mensonge pour « avoir » et « obtenir » quelque chose de quelqu’un. Par exemple, dans ce cas précis, il s’agit de mentir pour avoir un poste, obtenir un service, etc…
Nous mentons pour cacher une faute ou pour ne pas susciter l’inquiétude chez la personne que l’on aime. Dans ce type de mensonge, il s’agit d’une omission volontaire de phénomènes et de faits pouvant éclairer sur la vérité. La préservation de l’autre dans son intégrité devient donc un souci premier dans l’émission d’un mensonge de ce type. Par exemple, mentir sur sa situation émotionnelle pour ne pas susciter l’inquiétude (je suis triste, mais je ne veux pas que mon proche s’inquiète pour moi !).
Enfin, il nous arrive de mentir au quotidien sans nous en rendre compte. Dans ce genre situation, on a affaire à un mensonge qui ne part pas d’une mauvaise intention. On peut parler de mensonge spontané. En fait, il s’agit d’un mensonge qui se base sur une omission involontaire d’une partie de la réalité, mais qui aurait eu toute son importance pour comprendre la vérité. Par exemple, relater une situation en omettant des informations majeures, fait partie de ce type de mensonge.
Le mensonge fait partie de l’existence
Le mensonge, quel que soit son usage, à un intérêt social. Il faut savoir que les interactions que nous avons au sein de la société se basent sur des relations d’échanges de savoir. Cependant, il arrive dans nos relations, de cacher, de simuler ou de tromper pour entretenir un lien avec autrui. C’est ainsi, généralement, que nous entretenons des interactions pour se socialiser et surtout pour faire partie d’un groupe. Cette considération du mensonge, bien qu’ancré depuis longtemps dans nos relations aux autres, est particulière dans forme et dans sa fonction à notre époque moderne. De nos jours, le mensonge prend plus de place dans nos relations qu’il y a à peine un demi-siècle. Les proportions prises par le mensonge aujourd’hui sont tout juste effrayantes.
Nous mentons ou avons déjà tous eu recours au mensonge au moins une fois dans notre vie. On a vu que dans l’enfance on y a beaucoup recours. Son application fait partie à cet âge d’un processus d’apprentissage. Or dans la vie adulte, le mensonge prend une tout autre valeur et une toute autre place comme nous l’avons abordé plus haut. Nous vivons donc avec le mensonge, et ce dernier nous construit à force d’utilisation. Le mensonge des autres, ou son propre mensonge, est devenu monnaie courante, mais quel prix allons nous en payer ?
Tous les mensonges ne se valent pas
Les mensonge sont très répandu. Cependant, tous les mensonges ne se valent pas. On ne peut pas mettre tous les mensonges dans le « même panier », car leurs effets sur notre appareil psychique ne sont pas les mêmes. Tout dépend de leur forme, de leur objectif et du contexte dans lesquels ils sont proférés. Certains mensonges ont un effet sur la préservation de notre énergie psychique, alors que d’autres vont justement enfoncer l’être dans une régression psychique. Dans ce dernier, un épuisement psychique est à relever.
Il y a donc des mensonges qui ont un effet bénéfique tandis que d’autres ont un effet néfaste. Nous pouvons toutefois nous poser la question suivante : Qu’essaye t-on d’obtenir par le mensonge que l’on profère ?
Le mensonge qui sauve
Il y a un type de mensonge que l’on peut relever et qui est bénéfique dans les relations que l’on a avec les autres. Il s’agit du mensonge émis dans le but de préserver l’autre. Généralement, il est question d’un mensonge qui a pour but de ne pas susciter l’inquiétude chez l’autre.
L’application de ce mensonge au quotidien à des effets bénéfiques, à conditions de ne pas en abuser. En effet, trop mentir pour préserver les autres empêche de pouvoir trouver une oreille qui serait prête à nous écouter, voire de nous rassurer quand il le faut vraiment. Tout dépend de la relation qui est entretenue entre les individus. Bien souvent, ce genre de mensonge survient dans une relation amoureuse. Il est proférer à une personne que l’on aime, que l’on apprécie ou de qui on a la responsabilité. Par exemple, mentir pour ne pas froisser l’autre, pour ne pas qu’il se face de soucis sur des conditions difficiles qui seraient propres à son état ou au notre. (« Tu es beau ! » mais on ne le pense pas vraiment ; « Je vais bien ! » mais on ne va pas bien du tout).
Le mensonge qui tue
A contrario du mensonge qui peut sauver en préservant l’autre et en se préservant, il y a le mensonge qui peut provoquer de sévères dégâts pour les autres mais surtout pour soi-même. Le mensonge qui tue est celui qui déforme la réalité dans un but précis, celui de tromper l’autre et soi-même.
L’utilisation du mensonge pour tromper est le plus communément utilisé de nos jours. La plupart des relations que nous entretenons dans notre époque moderne, sont basées en partie sur la pratique à outrance du mensonge qui repose sur la tromperie. Dans son principe d’utilisation, on ment pour plaire et on ment pour avoir. On pourrait aussi rajouter le fait de mentir pour être. Mais le mensonge dans ce cas de figure est très dangereux, car à long terme, il installe l’être dans une illusion constante. Une illusion qui se confronte de plus en plus au réel et qui creuse un fossé monumental entre soi et soi-même.
Quand le mensonge devient-il dangereux pour l’être ?
Comme nous l’avons vu précédemment, le mensonge devient dangereux pour l’être quand celui-ci n’est utilisé dans un autre but que de déformé la réalité et de tromper la perception. Cela a comme conséquence d’altérer l’expression émotionnelle sur le long terme, engendrant de ce fait des conflits émotionnels qu’il sera difficile de résoudre.
Vivre dans le mensonge dans ces circonstances peut très vite impacté ses propres capacités cérébrales et cognitives. En effet, avoir recours au mensonge s’avère être une méthode de truchement du réel pour s’installer dans une autosatisfaction qui n’est en rien proche de ce réel. A la longue, on tend à croire à ses propres mensonges et on les assimile comme des vérités. On tend alors à se duper soi-même et entreprendre la douce pente menant vers l’effacement de soi au profit d’une illusion.
Le mensonge peut enfin occasionner une dissonance cognitive importante. Cet état aura pour effet d’impacter drastiquement le fonctionnement psychique et induire un certain mal-être à long terme. La dissonance cognitive est cet état de l’être dans lequel on se retrouve en total contradiction entre ses actes, ses paroles, et ses idées. Les conséquences d’un tel état sont désastreuses sur l’éveil de l’être et le bon développement mental, occasionnant un enfermant sur soi et une déperdition de soi.
Mentir, est-ce si mal ?
Il ne faut pas s’empêcher de mentir ! Comme nous l’avons vu, il est des fois recommandé de mentir pour atténuer la gravité d’une situation. Cependant, il ne faut pas utiliser le mensonge à tout va. Il faut savoir garder une certaine éthique et ne pas faire du mensonge un mode courant d’expression. De la sorte, vous éviterez d’être trop en décalage avec ce que vous êtes réellement.
Il ne faut pas toujours mentir pour préserver les autres ! En effet, un des effets pervers de ce type de mensonge est l’illusion dans laquelle elle installe celui ou celle a qui il est adressé. Ainsi, il faut savoir dire la vérité et confronter les autres au réel, les en déplaisent, comme il faut savoir accepter qu’on nous dise des choses qui peuvent froisser. En fin de compte, il n’y a que comme cela que l’on renforce sont mental et par la même occasion son être. Il faut apprendre à dire la vérité et l’accepter venant des autres. Le mensonge ne doit rester qu’un outil de dernier recourt (face à un danger principalement).
Donc, dans l’idéal, il faudrait pouvoir dire la vérité en toute circonstance, mais avec la forme et la manière. Les mots ont leur sens et il est important de les utiliser à bon escient. Pour ce faire, il faut privilégier les mots qui ont une porté positive. Dire une vérité qui pourrait blesser, mais en faisant usage des bons mots est toujours préférable. Il faut savoir qu’il n’y a pas de formule miracle ! Y aller avec « des pincettes » sans occulter ce que l’on pense vraiment et en l’assumant de manière bienveillante est souhaitable.
Il vous faut prendre conscience des mensonges que vous proférez, et ne pas laisser ces mensonges diriger votre vie. Il vous convient de décider la vie que vous voulez mener. Voulez-vous être en accord avec vous même et vous assumer par la vérité ? Ou, voulez vous être l’ombre de vous même en vivant dans le mensonge, le déni et la tromperie ?
Frédéric, Des Racines à la Cime
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