Faut-il vivre ou exister ?

Nous baignons à chaque instant de notre vie dans un monde, une réalité, qui dresse le paysage dans lequel on est amené à être. La vie est une chance, et parfois une malchance. Tout dépend du point de vue que l’on en a, et de l’angle d’approche que l’on prend pour la considérer. Malgré son caractère inaliénable, la vie peut être en fonction de ce que l’on attend d’elle. C’est là qu’émerge la question qui est : Dans la vie, faut-il vivre ou exister ? Nous verrons que, bien qu’étant des termes similaires renvoyant en apparence à la même action d’être dans la vie, vivre et exister n’ont pas tout a fait la même incidence sur l’état d’esprit que l’on peut avoir et la façon d’habiter réellement la vie.

Une vie pour vivre

Il faut toute une vie pour apprendre à vivre, et donc pour vivre.

Quand on fait référence à la vie, nous pensons au premier abord au fait de vivre. Cela semble évident, car comment pourrait-on envisager une vie sans la vivre ? Malgré ce qui semble être une évidence, il n’en reste pas moins que ce simple fait de vivre est devenu difficile pour beaucoup aujourd’hui !

Qu’est-ce que vivre ?

Vivre c’est être dans la réalité qu’impose la vie. Une vie qui est un ensemble de facteurs interdépendants, qui peint le paysage général dans lequel chacun(e) est amené(e) à jouer de sa personne. Un espace et un temps dans lequel chacun(e) tend à être. De nos jours, vivre c’est essentiellement être en fonction de donnée qui, pour la plupart, ne dépendent pas de notre simple fait. En ce sens, la vie est faite d’innombrable données sur lesquelles aucun(e) d’entre nous ne pouvons avoir d’impact. Dès lors, vivre c’est principalement être « en fonction de » et faire « à partir de » la vie telle qu’elle est indépendamment de nous. On est en fonction de ce que la vie impose et on fait à partir de ce qu’elle met à notre disposition.

Dans son essence même, la vie c’est avant tout la vitalité. C’est l’action même des corps rempli de vitalité permettant toute action sur le réel. Des actions qui viennent marquer le réel de l’empreinte de l’être unique et particulier que nous sommes tous. Cependant, on peut vivre sans aucune vitalité, sans jamais être vraiment soi-même. La vie n’est pas une évidence en soi. La vie n’assure pas que l’on puisse être vraiment soi-même. Alors, on peut très bien vivre sans jamais être soi, donc être en vie. En somme, c’est-à-dire que l’on peut vivre comme un mort. L’exemple du mythe du mort-vivant est très significatif.

Vivre pour être vivant et être vivant pour vivre !

De nos jours, beaucoup de personnes sont atteint de ce syndrome du mort-vivant. En effet, beaucoup sont devenus, par le poids de la vie, des êtres vivants dans un état de mort avancé. Un état marqué dans la chair par une absence de vitalité, de volonté d’action.

Pour vivre en étant vivant, en faisant preuve de vitalité, il faut la volonté de vivre ! Il faut vouloir subjuguer la vitalité qui constitue le fondement même de la vie. Ainsi, pour vivre, il faut apprendre tout au long de sa vie à éveiller cette flamme intérieure synonyme de vitalité, d’action dans et sur la vie.

Il faut vivre pour être en vie !

On ne peut donc vivre qu’en cherchant à être en vie, à se prouver que le souffle qui émane de soi est encore chaud !

Vivre pourquoi ?

Voici sans nul doute l’une des questions qui vaut son pesant d’or. En effet, pourquoi vivre ? Une question qui rejoint sans nul doute les grandes questions de la vie : Quel est le sens de la vie ? Pourquoi la vie ?

Sachez que la vie est cadeau qui a été donné à chacun(e) d’entre nous ! Certain(e)s diront qu’il s’agit là d’un cadeau empoisonné, car dès lors que nous venons à la vie, nous sommes voués à mourir et à côtoyer la souffrance. Malgré cet aspect fataliste que peut revêtir la vie, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une chance absolu ! De ce fait, la vie est tout simplement une expérience unique qui mérite d’être embrassé.

Vivre n’a pas de but unique en soi, mais des buts multiples dont chacun(e) peut en tracer la voie. Nous vivons pour plusieurs raisons, qui varient en intensité d’une personne à une autre. Nous vivons pour apprendre, pour créer et pour transmettre. La vie est un terrain fertile qu’il faut semer avec a graine qu’est la vitalité !

Il faut vivre à tout prix et profiter de cette chance qui a été donné d’être en vie !

Une vie pour exister

Pour être vivant, il faut vivre, mais, en tant qu’être humain moderne doué d’une conscience singulière, être vivant ne peut être le seul motif de la vie. En effet, il faut être vivant, certes, mais aussi et surtout être. C’est-à-dire être au-delà du vivant. Cela nous est permis par le biais de la volonté d’exister. Tout comme il faut une vie pour vivre, il faut une vie pour exister. On peut très bien vivre sa vie sans jamais exister, tout comme on peut vivre sans jamais faire preuve de vitalité.

Pourquoi exister ?

Exister pour être

Exister n’est pas donné à tout le monde quoi qu’on pense. Quand il est facile de pouvoir vivre (à condition de le vouloir), il est toujours plus compliqué d’exister. Dans sa définition et son usage courant, exister c’est faire la pleine expérience de soi, c’est être dans la vie. Mais, exister n’est pas que cela. C’est aussi se projeter hors de soi, se dépasser dans les limites que la vie nous impose. Exister c’et donc être soi, être ce qu’il y a au fond de soi pour être pleinement dans la vie. C’est être au-dessus de la vie, de ses contraintes, indépendamment des conditions auxquelles elle nous soumet. Quand nous sommes contraint par la vie à vivre d’une certaine façon, nous ne pouvons donc pleinement exister.

Comment exister ? Cette question est très difficile et il peut y avoir autant de vérité sur la façon d’exister, qu’il y a de réalité de l’existence. Je dirais que pour exister, il faut savoir sortir hors de sa condition de simple être soumis au dictat de la vie. Il faut connaître et savoir, tout en prenant de la hauteur et profiter de la vitalité que procure la vie pour passer à l’action. Quelle action ? Celle qui doit mener l’être vers la liberté. Une liberté de l’être et une liberté d’être qui ferait phi des considérations physiques de la vie que l’humanité à construit depuis des millénaires. Pour exister, il faudrait donc agir à tout prix pour être libéré du poids de la vie, être au-dessus de la vie, pour la surpasser ! En d’autres termes, exister c’est se dépasser, se transcender !

Vivre ou exister ?

Je peux vivre toute une vie sans exister véritablement, donc vivre n’induit pas nécessairement que l’on existe. Exister c’est bien plus que le simple fait de vivre. En effet, exister c’est au-delà même de la vie ! Quand on existe, on peut avoir de l’emprise sur la vie, sur sa vie, alors que le simple fait de vivre met chacun(e) sous l’emprise de la vie. Entre vivre et exister, il y a donc un élément important qui caractérise leur différence : La réalité !

Vivre c’est accepter la réalité qui est imposé. Exister c’est choisir la réalité, sa réalité.

Il n’incombe qu’à chacun(e) de décider de la façon dont la vie est conçue. Voulez-vous juste vivre votre vie, sans chercher à révéler le véritable être qui sommeil en vous, tout en vous assurant une vie sans véritable encombre, en évitant la souffrance ? Si c’est que vous désirez, faites donc. Il n’y a pas de modèle idéal. Cependant, vivre de la sorte aura pour conséquence un déni de soi et donc un déni de la réalité. À terme, vous risquerez de vous perdre et de devenir étranger dans votre propre demeure.

En revanche, vous voulez exister dans cette vie ? C’est une quête très honorable. En choisissant cette voie, vous expérimenterez la pleine puissance de la vie. Une vitalité au service de votre être dans la très noble quête du dépassement de soi. Cependant, exister nécessite d’affronter certaines vérités qui peuvent mettre à mal l’être. Pour exister il faut donc passer par la souffrance. C’est pourquoi, en faisant le choix d’exister, il faudra vous armer de courage et affronter vos peurs.

Il faut prendre le risque d’être pleinement celui ou celle qui se cache au fond de vous.

Il faut prendre le risque d’exister !

N’est-ce pas trop risqué d’exister? Sans doute, mais la vie n’est-elle pas faite de risque incessant ?