
Il n’y a pas de raison sans un peu folie !
Nous connaissons tous cette opposition marquante, dans notre monde moderne, entre la folie et la raison. La raison d’une part, qui est la grande vertu de notre temps, tandis que la folie d’un autre côté est considérée comme étant la grande maîtresse des plus grands maux, si l’on en croit les détenteurs autoproclamés de la raison. Dans la vie de tous les jours, on assiste de plus en plus à cette confrontation entre folie et raison. Les phrases telles que : « Il est fou de penser cela ! » ou encore « Ce qu’elle fait montre bien qu’elle est folle ! » sont devenues monnaie courante. Il s’agit là de quelques exemples parmi autant de propos accusatoire récurent qui montre la place que la folie occupe dans notre époque. L’accusation de folie étant devenu le plus grand principe accusatoire pour dénigrer l’autre. Mais qu’est-ce que la « folie » ? Pourquoi la « folie » est importante dans nos vies ?
La folie, invention de la raison !
La folle invention de la raison
Faisons un bref rappel historique sur la folie ! La folie telle que nous la connaissons aujourd’hui, a été défini à partir de l’âge classique, juste après le Moyen Age. Autrefois, les fous faisaient partie intégrante de la société et était simplement considéré comme différent par leur attitude, mais semblable par leur nature. En ce sens, ils étaient comme tout le monde, mais voyait le monde différemment. Depuis l’émergence des lumières et la mise en avant de la raison comme vertu, la folie a été créée comme maladie. Dès lors, les fous étaient considéré comme différent par leur attitude et par leur nature. Ils devenaient alors différents de ceux qui étaient « normaux » sur tout point de vue. Le normal devenant de ce fait la raison !
Il n’y a pas de raison s’il n’y a pas de contre-raison, de folie, tout comme il n’y a pas de bien sans mal. Le fou comme malade est alors né comme l’anti-raison, comme le mal en opposition au bien que représente la raison ! La folie est devenue au fil du temps le versant négatif de la raison. Le raisonné étant sain, normal, alors que le fou est malade et anormal. Mais qu’est-ce qui est normal ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ?
La raison folle
Ce qui est normal est propre à la raison dit-on, mais qu’est-ce que la raison ? Qu’est-ce que faire preuve de raison ? La raison, pour faire simple, est un travail de l’esprit doué de logique, dans lequel la capacité réflexive prend le pas sur la passion, sur les émotions. La raison est donc une expression intellectuelle dans laquelle les émotions sont connu et maîtrisé pour faire valoir un jugement ou une analyse au plus proche du réel.
Nous habitons le réel à partir de nos émotions, de nos passions, car, sans elles, il ne peut exister de réalité. Nous avons besoin de nos émotions pour être connecté à la vie ! Or, toujours faire preuve de raison peut mener à une déconnexion avec la vie affective. Aussi paradoxal que cela puisse être, ne faire preuve que de raison c’est se priver de ressentir la vie, le monde, et donc c’est s’éloigner de la réalité sensorielle. La réalité sensorielle, malgré certains effets néfastes sur l’état affectif, reste nécessaire pour vivre en tant qu’humain ! Nous sommes des êtres doués de sens et de sensation, nous avons besoin de celles-ci pour se représenter le monde et y interagir.
Il est difficile d’avoir recours à la raison logique s’il n’y a pas à un moment un brin de folie, un brin de passion. Il faut un peu de folie pour pouvoir entrevoir ne serait-ce qu’un instant la raison. De fait, comment puis-je me considérer comme raisonné si je n’ai pas fait l’expérience de la folie ?
Important ! La vraie folie, selon moi, est de penser que les autres ont toujours raison !
On peut être fou à raison !
Nous seront toujours le fou ou la folle de quelqu’un d’autre !
Nous sommes tous fous pour des raisons qui nous échappent. Généralement, la folie, à laquelle on peut être renvoyé, dépend de critères subjectifs liés aux normes du moment. Des normes influencées par la morale en vogue dans une société, une culture, à une époque donnée.
Prenons l’exemple de Galilée : En son temps, celui-ci avançait que la Terre était ronde et qu’elle tournait autour du soleil ! Il fut fustigé, mis au ban de la société et renvoyé au statut d’hérétique, de fou. Celui qui fut jugé comme fou à son époque se trouve avoir raison aujourd’hui (la terre n’étant qu’un astre parmi tant d’autre, tournoyant autour du soleil). C’est un exemple de ce que la morale et les codes en vigueur dans une époque peuvent avoir comme impact sur ceux qui sont traités de fous.
On voit très bien à travers l’exemple précédent que la folie d’une époque peut devenir la raison d’une autre époque. Inversement, la raison d’une époque peut devenir la folie d’une autre époque. Dans ce dernier cas, je citerai l’exemple du tabac qui autrefois était présenté comme quelque chose de bon pour le corps, alors qu’aujourd’hui ses effets nocifs sont reconnus par tous.
La folie d’hier sera la raison de demain ! De même que la raison d’hier sera la folie de demain !
La vérité n’est jamais loin
La folie détient toujours en son antre une part de vérité qui n’attend qu’à être démontrée et vérifiée. Nous détenons tous une part de vérité en nous, de ce fait, nous sommes tous, à des degrés différents, le fou ou la folle de quelqu’un d’autre ! Être jugé de fou ou de folle par un tiers est généralement un des signes annonciateur d’une vérité qui n’est pas en accord avec une morale qui circule au moment où l’on existe. Une morale qui est construite sur des interdits !
La folie peut alors être entrevue comme une tentative d’émancipation face aux interdits qui régissent la société. Être fou reviendrait presque à être libre ! Un être jugé fou est un être qui n’est pas conforme. Un être qui n’a pas intégré la morale, les interdits, c’est donc un être libre des contraintes. Mais est-ce bien de vivre loin des contraintes sociales ? Est-il bon de vivre en dehors des normes ?
Pas de vie sans folie
Faut-il pour autant accepté la folie ? Il est difficile de répondre à cette question par oui ou par non. Je dirais, qu’être fou ou folle quand la morale dominante est défaillante, est une bonne chose. Cependant, certaines folies peuvent être plus problématiques que d’autres. Par exemple, la schizophrénie peut s’avérer problématique pour celui ou celle qui en est victime, mais aussi pour ceux qui l’entourent. La folie, dans son approche médico-psychologique reste assez compliqué. Il suffit que la société change, que les normes et la morale changent, pour que le sain d’hier devienne le malade de demain.
Nous sommes dans une époque où les diagnostics en tout genre sont proférés pour décrire la folie. « Il est fou de dire ça ! » ou « Elle est folle de faire ça » sont autant de discours pour caractériser celles et ceux qui n’ont pas intégré la parole dominante auto-proclamé de raison. N’ayez pas peur, ni même honte d’être considéré comme fou, car la folie à laquelle on vous renvoie est souvent le signe annonciateur d’une vérité et d’une raison en devenir ! De toute façon, nous sommes tous fous pour une raison donnée. Nous serons tous le fou ou la folle de quelqu’un d’autre à un moment donné ! Enfin, dites-vous que celui ou celle qui n’a jamais contemplé la folie ne pourra jamais entrevoir la raison. Une raison qui n’est autre que la folie déguisée avec un apparat de moral.
Il ne faut pas avoir honte de ses idées qui sont jugées comme folles par la morale ! Accepter sa folie est le premier pas pour s’accepter et entreprendre de grande chose !
Attention ! Accepter sa folie ne doit pas exclure le doute et la remise en question constructive ! Il faut accepter sa folie d’une façon qui permette de l’appréhender avec raisonnement.
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